Méthode de la dissertation : rédiger une partie

Exercices : rédiger une sous partie


Je vous invite aujourd'hui à rédiger une des trois parties de la dissertation que je vous ai proposée. Pour commencer, vous pouvez faire les exercices d'entraînement 1 et 2 sur le manuel en ligne

Suite de la dissertation (éléments pour le corrigé)


Voici donc plusieurs propositions pour les parties de la dissertation, proposées par les élèves de seconde 1 et 3.

PARTIE I - Le poète rend hommage à la beauté

 La première fonction de la poésie serait de rendre hommage à la beauté, cela peut se faire de différentes manières.
Cette beauté est d'abord celle d'une personne connue du poète. Le sonnet "Le soir qu'Amour..." de Ronsard est dédié à Cassandre, une personne  réelle. Elle apparaît dans son rôle de femme de la cour, au centre de la société, qui inspire véritablement le ballet auquel elle prend part.
Dans la poésie, la beauté s'incarne dans un corps, nous le voyons dans le genre du blason, illustré par le poème de Ronsard "Petit nombril", qui s'attache à décrire telle ou telle partie du corps féminin. A l'époque de la Renaissance le corps reprend toute sa place, il est célébré dans la peinture et la poésie.
Par ailleurs, la beauté est célébrée à travers des artifices, ses effets, tant bien dans le réel que l'irréel. La beauté peut signifier comme l'immortalité, une chose qui persiste à rester telle qu'elle apparaît pour l'éternité. Le corps féminin peut en effet donner au  poète le goût de l'éternité, comme c'est le cas des bras de Cassandre, dans le sonnet "Maîtresse, embrasse-moi' :
Je mourrai dans les tiens, puis, toi ressuscitée
Je ressusciterai ; allons ainsi là-bas
La beauté du corps est associée métaphoriquement à la nature, comme en témoigne l'image très fréquente de la rose dans l'œuvre de Ronsard. La rose est la beauté, mais elle aussi l'éphémère car elle ne dure pas :
Comme on voit sur la branche au mois de mai la rose
En sa belle jeunesse, en sa première fleur
La beauté est menacée par le temps et la mort, il est donc urgent que le poète en garde la forme.
En effet le poème, en associant le corps de Marie à un panier de fleurs, la rend immortelle :
Afin que vif et mort, ton corps ne soit que roses
On retrouve cette idée dans la "Ballade des dames du temps jadis" qui est hommage aux dames disparues :
La reine blanche comme un lys
Qui chantait à voix de sereine
Ici la beauté féminine est comparée à une beauté végétale éclatante, la blancheur signifiant la pureté, ce qui ouvre la voie à une idéalisation.
Comme le dit Platon, la poésie permet d'atteindre la vérité profonde, l'essence des choses, à travers des symboles, comme celui de la rose dans le sonnet sur la mort de Marie.
Si le rôle du poète est de célébrer la beauté, il dépasse souvent son modèle, grâce aux métaphores ou à la symbolisation, il s'adresse à un idéal.

Nous avons vu que le poète a pour mission de révéler la beauté dans la nature ou dans la vie sociale, notamment grâce à la symbolisation, mais ce serait restreindre son rôle de se limiter à ces fonctions. En effet, le poète invente un monde, nous donne son regard sur la société, ou exprime ses sentiments personnels ou envers autrui.

PARTIE II - Les autres fonctions de la poésie

Parce qu'elle d'abord une rhétorique, la poésie développe un discours, cela est déjà vrai dans la poésie amoureuse, mais ce discours retrouve des accents personnels et graves dans d'autre genres poétiques, la poésie dite de consolation. Dans la "Consolation à Monsieur du Périer", Malherbe veut apaiser son destinataire et délivre un enseignement sur la vie. On est frappé de lire dans cette poésie des accents qui rappellent la poésie de Ronsard, - la mort n'est jamais très loin de l'amour.
Et rose elle a vécu ce que vivent les roses
L'espace d'un matin
La poésie est capable de consoler de la mort dans un discours qui délivre une leçon de philosophie, mais elle est aussi capable de faire parler les absents, en utilisant la figure de la prosopopée. Dans la ballade "Frères humains",Villon nous rend sensible au sort des pendus auxquels il s’identifie :
Frères humains qui après nous vivez,
N'ayez vos cœurs contre nous endurcis,
Car, si pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plus tôt de vous merci.
D'autre part, l'histoire et les faits guerriers sont particulièrement présentes dans la poésie épique, genre dans lequel s'exerce Ronsard lorsqu'il compose son épopée nationale la Franciade. Si Ronsard célèbre la gloire de son pays, il peut arriver que la poésie épique présente un tableau plus tragique de l'histoire, et même dénonce les violences de son temps, comme le fait Agrippa d'Aubigné, poète protestant, dans Les Tragiques.
On peut rencontrer aussi une autre fonction dans la poésie, qui est la satire. En effet le poète nous livre une image de la société, qui n'est pas toujours idéalisée comme nous avons pu le voir dans la poésie de Ronsard, mais qui montre les défauts de l'âme humaine. Cette veine satirique est particulièrement présente dans les épîtres de Clément Marot ou le Testament de Villon.

PARTIE III - Le poésie est surtout l'expression des sentiments personnels du poète

En effet, la poésie qu'elle célèbre la beauté ou qu'elle nous donne un regard plus réaliste sur le monde, est également centrée sur le poète. D'abord, certains poète livrent volontiers des événements de leur vie personnelle, c'est le cas de Marot, souvent inquiété pour ses opinions religieuses. Dans son sonnet "Contre celle qui fut s'amye", Clément Marot, semble régler des comptes personnels avec une femme qui l’a trahi et raconte une mésaventure :
Un jour récrivis à m'amie.
Son inconstance seulement,
Mais elle ne fut endormie
A me le rendre chaudement ;
Car dès l'heure tint parlement
A je ne sais quel
Papelard,
Et lui a dit tout bellement :
"Prenez-le, il a mangé le lard."
Cette anecdote poétique se rapporte directement à un épisode de la vie du poète, et le moins que l'on puisse dire est que l'amour, ici, n'est pas idéalisé.
Charles d’Orléans évoque douloureusement sa situation de poète exilé, dans la ballade "En la forêt d'Ennuyeuse tristesse" qui se termine par un envoi où le poète se compare à un aveugle :
Aveugle suis, ne sais ou aller dois ;
De mon bâton, afin que ne fourvoie,
Je vois tâtant mon chemin çà et là ;
C'est grand pitié qu'il convient que je sois
L'homme égaré qui ne sait où il va.
Ainsi, le lyrisme poétique fait entendre des accents plus personnels, car la poésie est centrée autant sur la beauté du monde que sur la vie du poète.

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