François Villon (1431-1463) poète et voyou du Moyen Age

Laissons Villon se présenter lui-même dans ce quatrain
Je suis François, dont il me poise
Né de Paris emprès Pontoise
Et de la corde d'une toise
Saura mon col que mon cul poise
traduction :

« Je suis François, cela me pèse
Né à Paris près de Pontoise
Et de la corde d'une toise
Mon cou saura c'que mon cul pèse»

François Villon

L'auteur de "La ballade des pendus" qui fut condamné à mort, sait de quoi il parle.

François Villon rencontra Charles d'Orléans, à la fin de sa vie, lors du retour d'exil de ce dernier. Il fut invité à sa cour et composa pour le prince plusieurs ballades. Mais assurément, les deux poètes sont très différents, François Villon est connu pour ses mauvaises fréquentations, lui qui échappa à la corde, fut compromis dans des larcins et des rixes, et même dans une affaire de meurtre (il a tué le prêtre Philippe Sermoise lors d'une dispute). Mauvais "écolier", querelleur, mis en prison,  la corde au cou, banni de Paris pour dix ans... il ne fut pas épargné par la vie.
Il dut à son talent de poète d'échapper à la pendaison.
Il pratiqué les genre poétiques de son temps, ballades, rondeaux, lais (poème narratif), auquel il a su donner un ton très original, à  la fois plaintif et ironique, comme le montre son chef d'oeuvre, le Testament.
Pour en savoir plus.

La ballade des dames du temps jadis

Ballade des dames du temps jadis
Dîtes-moy où, n’en quel pays,
Est Flora, la belle Romaine ;
Archipiada, ne Thaïs,
Qui fut sa cousine germaine ;
Echo, parlant quand bruit on maine
Dessus rivière ou sur étang,
Qui beauté eut trop plus qu’humaine ?
Mais où sont les neiges d’antan !
Où est la très sage Heloïs,
Pour qui fut châtré et puis moine
Pierre Esbaillart à Saint-Denis ?
Pour son amour eut cet essoyne.
Semblablement, où est la reine
Qui commanda que Buridan
Fût jeté en un sac en Seine ?
Mais où sont les neiges d’antan !
La reine Blanche comme un lys,
Qui chantait à voix de sereine ;
Berthe au grand pied, Bietris, Allys ;
Harembourges, qui tint le Mayne,
Et Jehanne, la bonne Lorraine,
Qu’Anglois brûlèrent à Rouen ;
Où sont-ils, Vierge souveraine ?…
Mais où sont les neiges d’antan ! 
Prince, n’enquerez de semaine
Où elles sont, ne de cest an,
Qu’à ce refrain ne vous remaine :
Mais où sont les neiges d’antan ! 
Voici la traduction en français moderne

Dites-moi, où et en quel pays
Est Flora, la belle romaine,
Alcibiade et Thaïs
Qui fut sa cousine germaine ?
Écho, qui parle quant on fait du bruit
Au-dessus d'une rivière ou d'un étang
Et eut une beauté surhumaine ?
Mais où sont les neiges d'antan ?
Où est la très savante Héloïse
Pour qui fut émasculé puis se fit moine
Pierre Abélard à Saint-Denis ?
C'est pour son amour qu'il souffrit cette mutilation.
De même, où est la reine
Qui ordonna que Buridan
Fût enfermé dans un sac et jeté à la Seine ?
Mais où sont les neiges d'antan ?
La reine blanche comme un lys
Qui chantait comme une sirène,
Berthe au Grand Pied, Béatrice, Alix,
Erembourg qui gouverna le Maine,
Et Jeanne, la bonne lorraine
Que les Anglais brûlèrent à Rouen,
Où sont-elles, Vierge souveraine ?
Mais où sont les neiges d'antan ?

ENVOI
Prince, gardez-vous de demander, cette semaine
Ou cette année, où elles sont,
De crainte qu'on ne vous rappelle ce refrain :
Mais où sont les neiges d'antan ?

Bilan : une ballade élégiaque ?
Il n'est pas nécessaire de maîtriser toutes les références de ce poème pour l'apprécier. François Villon mêle l'Histoire plus ou moins récente ("Jehanne, la bonne lorraine" ou "Berthe au grand pied", femme de Pépin le bref) et les allusions la mythologie (Flora ou Echo). Les noms évoqués valent aussi pour leurs sonorités et leur poésie. L'histoire rencontre la légende et les dames ici représentées appartiennent au passé, ce qui rend ce poème assez mélancolique et même élégiaque, comme le fait entendre le refrain "Mais où sont les neiges d'antan !".
Certains travaux d'historiens ont mis en évidence que ce poème aurait été inspirés par un ensemble de sculptures sur glace évoquant justement ces "dames" légendaires, dont la mémoire est en train.. de fondre. De quoi composer sur elles une élégie.

Prolongement

 George Brassens, grand amateur de Villon (peut-être parce que lui aussi  un peu voyou) a mis en musique la ballade des dames du temps jadis. C'est une interprétation très réussie qui met en valeur la versification et les sonorités, et en rend bien le caractère à la fois léger et mélancolique.




Concours de ballades

Le confinement interdit la balade, mais la ballade est permise !

Je propose aux élèves de seconde 1 et 3 d'écrire une ballade de leur choix.
Les textes proposés devront être déposés dans l'espace élèves de pronotes, et composés sur traitement de texte.
Sujet libre. Mais il est impératif de respecter la forme de la ballade : strophes, refrain, envoi.
Il n'est pas obligatoire d'utiliser des vers réguliers et des rimes.
Les textes les plus réussis seront publiés sur le blog
A rendre avant jeudi 14 mai.

Commentaires

  1. bonjour monsieur désoler mais j'ai stictement rien compris au travail à faire sur la ballade je comprend pas c'est quoi vous pouvez m'expliquer svp

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  2. Et bien je fais appel à votre créativité en vous demandant d'écrire une ballade (respectueuse de la forme) sur un sujet de votre choix.

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