Qu'est-ce qu'un poète ?

Le poète et la vanité du monde, du Moyen-Age à la Renaissance


Nous entamons aujourd'hui un nouvel objet d'étude, la poésie. Vous trouverez sur Pronote une présentation du parcours ainsi que les textes. Nous travaillerons ces textes et je vous demanderai aussi d'apprendre par cœur un sonnet de Ronsard, au choix, pour le jour où les cours reprendront au lycée (mais oui ! c'est bientôt)

Introduction


Pour lancer notre nouveau parcours, je vous ai donné aujourd'hui en lecture un extrait d'un dialogue de Platon, philosophe grec de l'Antiquité, qui définit la fonction du poète. A cette époque, les formes principales sont celles de la poésie épique (qui relate des exploits guerriers) ou lyrique (reposant sur la force du chant). Mais qui est le poète ?
Le mot poète vient du grec poein, qui veut dire "faire". Le poète est par définition celui qui fait une oeuvre, l'Iliade et l'Odyssée, sont des poèmes, le théâtre même est un "poème dramatique".
Platon rappelle son rôle en lien avec des cérémonies religieuses ou initiatiques.

Dans ce dialogue écrit par le philosophe grec Platon, (IVe siècle av J.-C) Socrate donne une définition de la fonction du poète
Ainsi la Muse crée-t-elle des inspirés et, par l'intermédiaire de ces inspirés, une foule d'enthousiastes se rattachent à elle. Car tous les poètes épiques disent tous leurs beaux poèmes non en vertu d'un art, mais parce qu'ils sont inspirés et possédés, et il en est de même pour les bons poètes lyriques*. Tels les corybantes* dansent lorsqu'ils n'ont plus leur raison, tels les poètes lyriques lorsqu'ils n'ont plus leur raison, créent ces belles mélodies ; mais lorsqu'ils se sont embarqués dans l'harmonie et la cadence, ils se déchaînent et sont possédés. Telles les bacchantes puisent aux fleuves le miel et le lait quand elles sont possédées, mais ne le peuvent plus quand elles ont leur raison ; tels les poètes lyriques, dont l'âme fait ce qu'ils nous disent eux-mêmes. Car ils nous disent, n'est ce pas, les poètes, qu'à des fontaines de miel dans les jardins et les vergers des Muses, ils cueillent leurs mélodies pour nous les apporter, semblables aux abeilles, ailés comme elles ; ils ont raison, car le poète est chose ailée, légère, et sainte, et il est incapable de créer avant d'être inspiré et transporté et avant que son esprit ait cessé de lui appartenir ; tant qu'il ne possède pas cette inspiration, tout homme est incapable d'être poète et de chanter. […] Et le but de la divinité, en enlevant la raison à ces chanteurs et à ces prophètes divins et en se servant d'eux comme des serviteurs, c'est que nous, les auditeurs, nous sachions bien que ce ne sont pas eux les auteurs d’œuvres si belles, eux qui sont privés de raison, mais que c'est la divinité elle-même leur auteur, et que par leur organe, elle se fait entendre à nous. [...] les beaux poèmes n'ont pas un caractère humain et ne sont pas l'oeuvre des hommes mais qu'ils ont un caractère divin et qu'ils sont l'oeuvre des dieux et que les poètes ne sont que les interprètes des dieux, quand ils sont possédés quelque soit la divinité qui possède chacun d'eux. 
Platon, Ion.

Vous connaissez tous la Muse du poète, qui habitaient mont Parnasse avec le dieu Apollon. Les poètes sont présentés comme des "inspirés ou des possédés", ils sont les interprètes du divin, la parole qu'ils déclament dans le chant poétique ne leur appartient pas, elle les dépasse. Cela est vrai du poème épique (poésie narrative, en vers suivis, racontant des exploits héroïques) ou du poème lyrique (poésie exprimant des sentiments personnels, en strophes)
Platon décrit la poésie, comme un état de transe, dans lequel les poètes perdent leur raison, ils ne s'appartiennent pas vraiment. Cette conception grecque de la poésie est presque chamanique, le poète entre dans un état second et exprime des réalité supérieures. La recherche du rythme (l'harmonie et la cadence) les aide à entrer dans cet état d'inspiration et de possession.
Cet état de déchaînement, de démesure, est favorisé par les bacchantes, les compagnes du dieu Dionysos, le dieu du vin et des excès. Le miel et le lait sont la métaphore de la poésie, on les trouve dans les "vergers des muses". Les poètes sont donc comparés à des créatures ailées, les "abeilles".
Ainsi les poètes ne sont pas des "auteurs", mais les "interprètes" des dieux, auxquels ils servent d'intermédiaires auprès des hommes.



Orphée, bien reconnaissable à sa lyre. Son chant charme les animaux autour de lui.

Commentaires

  1. Bonjour Monsieur,
    La poésie et le commentaire sont à rendre pour la rentrée?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Le commentaire était à rendre le 26. La poésie, il faut l'apprendre pour la reprise des cours.

      Supprimer

Enregistrer un commentaire