Bonjour,
Heureux de vous retrouver, là où vous êtes, j'espère bien réveillés, et dans d'excellentes dispositions pour travailler j'en suis persuadé. La preuve : vous vous êtes connecté à Pronote, et vous avez ouvert ce document. Quel courage !
Commençons par la lecture cursive
Je vous ai rappelé ainsi qu'à vos parents les œuvres qui sont au choix. Ce sont des auteurs qui ont été (plus ou moins) censurés pendant la période du Second Empire. Vous savez, avec Louis Napoléon Bonaparte qui fait un coup d’État en 1850 et impose un régime impérial qui balaye les ambitions des républicains, et parmi eux, Victor Hugo, qui doit s'exiler dans les îles anglo normandes où il écrira ses plus grands chefs d’œuvre.
Ces trois œuvres sont celles d'auteurs, contemporains de Victor Hugo, qui ont eu quelques ennuis avec la censure :
Madame Bovary, de Flaubert
Thérèse Raquin de Zola
Les Fleurs du mal, de Baudelaire
Deux romans et un recueil poétique (les "fleurs maladives" de Baudelaire sont hélas de circonstance...). Ne tardez pas à faire votre choix, car vous avez à peu près un mois pour terminer la lecture. Vous pouvez l'acheter, l'emprunter à la bibliothèque, ou même même télécharger gratuitement le ebook pour ceux qui sont habitués à lire sur tablette ou sur liseuse.
Reprenons maintenant notre parcours
Correction de la question
Vous reconnaîtrez que je ne vous ai pas accablés de travail en vous demandant de commenter le dernier paragraphe du discours de Victor Hugo. Trois lignes, c'est si peu !
Oui mais dans la démarche d'une lecture linéaire (ce qui vous sera demandé à l'oral du bac) on peut trouver beaucoup de choses à dire.
Dans une lecture linéaire, vous croisez, en suivant le déroulement du texte, des remarques qui concernent la grammaire, le style, vous commentez les effets du texte. Vous pouvez aussi faire des rapprochements avec d'autres œuvres, le contexte littéraire et historique.
Rappelez-vous, dans ce discours aux accents très politiques, Hugo défend avec un beau lyrisme la liberté de la presse, il développe à peu près trois idées :
- La presse est "clarté" pour l'esprit
- La presse est le "souffle"
- La presse est "nutrition" de l'intelligence
Reprenez vos notes, que vous avez prises consciencieusement (mais oui !)
Par ailleurs, conformément à sa vison du progrès, la presse est présentée comme une force dynamique, motrice pour la société (voir lignes 17 à 19)
A chacune de ces grandes idées est liée un réseau de métaphores qui se croisent dans le texte, lui donnent sa cohérence et sa beauté.
Politique,Victor Hugo se déclare contre les forces réactionnaires, les "vieilles assises de la société", sans doute une allusion au régime en place en France au moment où il prononce ce discours en Belgique, pays qui l'accueille et qui publiera ses œuvres.
Avez-vous oublié comment s'appelle la conclusion d'un discours, d'après Cicéron (nous avons vu cela lors de notre précédent parcours sur Horace) ?
Réponse : la péroraison
La péroraison est un final brillant, qui doit marquer les esprits des auditeurs. Il s'agit donc de bien terminer de manière marquante, selon les principes de l'éloquence. Vous avez remarqué que ce discours, bien que très construit, présentait des caractéristiques d'oralité.
Alors que nous dit cette brève péroraison ? nous pouvons faire plusieurs remarques.
Les adverbes "oui" et "non" apparaissent successivement, procédé très oral, et très politique. Ce que nous constatons, ce que nous refusons. On se croirait à une tribune.
"La presse est opprimée". Situation dénoncée par l'écrivain.
"Dans certains pays", nul doute que Victor Hugo ne pense aussi (et même surtout) à son pays, la France, à l'époque si peu favorable à la liberté de la presse.
La ponctuation est expressive. La première phrase est une interrogation, c'est une question rhétorique, La phrase suivante est exclamative. La dernière déclarative (voir types de phrases). Dans sa péroraison Hugo varie les intonations, comme sait le faire un bon orateur.
L'expression '"Presse esclave" est une association de mots contraires mis côte à côte, il s'agit...
- d'une antithèse ?
Réponse précise : Un oxymore
Vous aviez trouvé ? Bravo !
Et curieusement, Hugo termine de manière très didactique en donnant lui-même la définition : "un accouplement de mots impossible".
Celui du coq et du hibou (voir lignes 25-26) 😉 ? euh...
Finalement, il y avait beaucoup de choses à dire sur ces trois lignes, ne pensez-vous pas ?
Un clin d’œil pour terminer. Vous avez reconnu la dame avec ses grands ciseaux.
Au fait, Madame Anatasie, elle a sur son épaule, une chouette... ou un hibou ?
Pour en savoir plus sur ce symbole de la censure au XIXe siècle http://expositions.bnf.fr/presse/grandmobile/pre_336.php
Pour la prochaine fois, je vous invite à lire l'extrait de Madame Bovary et le réquisitoire d'Eugène Pinard, j'ai distribué le texte au seconde 1. Je le scannerai dans la journée pour les seconde 3, il sera téléchargeable sur pronote.
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